Le jour de gloire de Danny Magoo Chandler

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    oxboy
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      En 2002, le journaliste Eric Johnson a écrit pour Racer X un article retraçant l’exploit réalisé 20 ans plus tôt par Danny Chandler : double victoire au Motocross et au Trophée des nations 1982.

      Tout le monde ne maîtrisant pas la langue de Shakespeare (dédicade Crazy…), voici une traduction personnelle de l’article en question.

      pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur Magoo,

      pour ceux qui veulent comprendre pourquoi ce pilote (et cet homme) était vraiment différent des autres,

      pour ceux qui veulent découvrir des anecdotes qui aujourd’hui encore font sourire,

      enfin pour ceux qui veulent savoir comment Magoo, qui ne doit sa sélection qu’à la volonté de Dave Arnold et Roger de Coster d’aligner coûte que coûte 4 pilotes Honda (comme en 1981, première victoire US dans la prestigieuse compétition), avait rendez-vous avec son destin….

      Une histoire hors du commun, passionnante, émouvante,….

      ENJOY

      ————————————————————————————————————–

      En 1982, Danny Magoo Chandler stupéfie la planète cross en remportant les 4 courses du motocross et du trophée des nations. Il signe l’un des plus grands exploits individuels de l’histoire du motocross.

      Quelques jours avant l’arrivée des meilleurs pilotes de MX à Gaildorf, en Allemagne de l’ouest, pour le trophée des nations 1982, les affaires ne se présentent pourtant pas sous les meilleures auspices pour le team américain. Après leur double victoire qualifiée de « miraculeuse » face aux européens l’année précédente (trophée des nations réservé aux 250cc + motocross des nations réservé aux 500cc), la pression est belle et bien sur le team USA qui se doit de prouver que 1981 n’est pas un coup de chance.

      Le jeudi après midi précédent l’épreuve, Danny Hansen, nouveau champion SX et MX US 250cc, se blesse sérieusement à la tête alors qu’il roule sur le circuit d’entraînement du pilote allemand Rolf Dieffenbach.

      L’effort américain, déjà fragile, se trouve dès lors dans une fâcheuse situation. Hansen est évacué par hélicoptère vers un hôpital près de Heidelberg, le salut des américains repose désormais sur Johnny O’Mara et Jim Gibson (deux pilotes du championnat 125 outdoor) et un spécialiste de la catégorie open, Danny Magoo Chandler : un compagnon rouquin originaire du nord de la Californie….

      A ce stade de leur carrière, aucun de ces 3 pilotes n’a encore véritablement la carrure d’un champion US : O’Mara et Gibson ont terminé leur saison respectivement aux 3ème et 4ème places du championnat SX, mais ils ont une petite expérience de l’outdoor en 250cc. Chandler, pilote au talent sporadique, si toutefois il en a, est le genre de gars qui, sur un jour, peut être le compétiteur le plus rapide, le plus courageux et le plus téméraire du monde.

      Cependant, au cours des derniers mois de la saison 1982, Chandler, avec l’aide de Roger de Coster (manager du team Honda) et de quelques autres personnes, commence à changer favorablement. Au lieu de casser des motos, ses os ou des piquets…..Magoo réussit à inverser la tendance et monte en puissance, avec pour résultat une victoire lors du GP 500cc des USA à Carlsbad en juin ainsi qu’une épreuve nationale le 4 juillet, à Red Bud.

      Hansen, pilote ultra dominateur de la saison 82 est donc celui sur qui Honda fondait tous ses espoirs de victoire en Europe pour les deux compétitions majeures que sont le trophée et le motocross des nations.

      Son pilote emblématique blessé, Dave Arnold (team manager de l’équipe US) trouve un téléphone à Francfort et appelle aux états-unis pour remplacer Hansen. Il ne peut pas faire appel au champion US 500cc, Darrell Shultz, qui souffre d’une blessure au genou contractée pendant sa course au titre (blessure qui marquera la fin de sa carrière), il ne lui reste plus qu’à appeler David Bailey, pilote qui n’a pas encore fait totalement ses preuves…

      « Il était 6 heures du matin, je dormais quand ma mère est monté dans ma chambre, se souvient Bailey, qui s’était classé 6ème du championnat outdoor 250cc. Elle me réveille et me dit que Dave Arnold m’appelle d’Allemagne. Je prends le téléphone et Dave me dit « on a besoin de toi ici tout de suite. Il m’explique qu’Hansen s’est blessé et que je dois arriver immédiatement en Allemagne. »

      Bailey obtient le dernier siège dans l’avion, et sera en mesure de se présenter à l’heure en Allemagne…

      MAGOO L’ENFANT SAUVAGE

      « J’avais connu des hauts et des bas pendant tout l’été, à vouloir trop bien faire et à commettre aussi d’énormes erreurs » déclare Danny Chandler pour expliquer son ‘dangereux été 1982’ ».

      Au fil des ans, Chandler s’était auto-proclamé dans le milieu du MX comme étant l’homme capable de plier ses Maïco et d’en faire des noeuds…Malheureusement, il le faisait autant à l’occasion de crashs que de remontées fulgurantes.

      «J’étais bon et rapide, mais j’étais aussi imprévisible. Après ces années « chaotiques », Honda m’a engagé dans un team support. C’était bien de rouler sur des Honda. Steve Carter, mon mécanicien et Greg Arnette le team manager m’ont vraiment beaucoup aidé cette année là. Je n’aurais jamais réussi au sein de ce team sans ces deux personnes. Ils étaient très concentrés sur moi et étaient capables de me convaincre de ralentir, ce qui en fait me permettait d’aller plus vite…. ».

      Les pilotes du team Honda Chuck Sun, Danny La Porte, Johnny O’Mara et Danny Hansen ont réussi à « secouer » la planète cross en remportant le trophée des nations 1981. Honda décide qu’une nouvelle occasion se présente d’aligner les 4 pilotes qui représenteront les états-unis aux jeux olympiques du motocross.

      Conséquence directe , La Porte qui a rejoint Yamaha en Europe pour remporter le titre mondial 250cc 1982 et Brad Lackey, titré en 500cc, ne sont pas sélectionnés pour représenter leur pays. Idem pour Mark Barnett, pourtant pilote officiel Suzuki qui a dominé le championnat US outdoor 125cc à la manière d’un Ricky Carmichael….Enfin, Shultz blessé, Chandler devient le dernier choix possible.

      « Oh mon dieu ! C’était comme si j’étais invité aux jeux olympiques ! s’exclame Magoo. J’étais tout retourné. Toute ma vie j’avais lu les articles relatifs au MX et au Trophée des nations. Mon père également en faisait toute une affaire, en disant des choses du genre : « Pourquoi les états-unis sont-ils si peu performants à ces deux épreuves ? » Quand j’ai appris que j’étais sélectionné, c’était comme si je partais à la guerre. J’étais en mission pour le team américain. Juste avant que je ne m’envole pour l’Europe, mon père a eu ces mots : « ton objectif est de descendre de l’avion, de savoir que le soleil se lève à l’est et qu’il se couche à l’ouest, et qu’entre les deux tu as un job à faire en Europe ».

      Le samedi 4 septembre, le team USA arrive sur le circuit de Gaildorf pour le premier entraînement. Chandler tombe immédiatement sous le charme du tracé, un circuit recouvert d’herbe avec des pentes à fort dénivelé.

      « je me sentais tellement bien lorsque j’ai roulé dessus la première fois, se souvient Magoo. le circuit était rapide, ce qui convenait parfaitement à mon style de pilotage, moi qui adorais les courses de vitesse sur terre, toutes en glisse. Je pouvais sentir l’odeur de l’herbe fraîchement coupée et voir tous les rubans qui délimitaient la piste. C’était exactement l’idée que je me faisais du Trophée des nations…Dès le samedi les gens affluaient par milliers et je peux dire que j’ai roulé devant la plus grande foule qu’il m’est été donné de voir ».

      Le samedi après midi, pendant les essais, Chandler est si rapide que ses temps chronos sont deux secondes plus rapides que la concurrence, notamment la menace Belge : André Vromans…

      A cela s’ajoute les exploits de Magoo dans les sauts, à la manière d’un pilote de freestyle, bien avant que cette discipline ne voit le jour…. sur sa Honda d’usine, Magoo s’envole si haut et si loin sur l’un des sauts du circuit qu’il frôle les branches des arbres. Le monde des grand prix dans son ensemble est alors terrifié !

      MAGOO L’INCONTRÔLABLE

      Le dimanche, le temps est ensoleillé, chaud et étouffant. Les pilotes sont appelés pour la première manche, face à environ 35 000 fans qui ont envahi les prairies de Gaildorf. En leur qualité de tenants du titre, les pilotes américains Chandler, Bailey, O’Mara et Gibson se présentent dans le parc fermé, avec tout le poids de l’Amérique du motocross sur leurs épaules.

      « J’étais vraiment nerveux, et je gardais ces mots à l’esprit : fais une bonne sortie de grille, ne commet pas d’erreur, fais une bonne sortie de grille, etc…. » explique Magoo. Nous nous sommes donc présentés au parc fermé pour nous préparer et nous équiper. Nous étions le team le plus rapide aux chronos, nous avions donc la première place sur la grille. Certains au sein de l’équipe se posaient des questions sur l’emplacement qu’ils devaient choisir pour le départ, alors j’ai pris la parole et j’ai dit : je me fous complètement de la trace que vous allez me laisser…. »

      Lorsque la grille tombe, O’Mara gicle et réalise le holeshot parfait, pendant que Chandler s’accroche à son garde-boue arrière, le suivant comme son ombre. Les Belges Harry Everts et André Vromans suivent les deux américains dans une course poursuite de folie. Au premier tiers de la course, Chandler dépasse O’Mara et creuse l’écart.

      « Je suivais ses traces, évaluait sa vitesse, et finalement je l’ai passé » explique Danny, dont l’inconstance sur une 250cc l’avait empêché de terminer dans le top 10 du championnat américain de supercross.

      Cette fois-ci Danny reste sur ses deux roues et remporte la première manche. Les anglais Thorpe et Whatley se classent respectivement second et deuxième, Evert 4ème et O’mara franchit la ligne d’arrivée en 5ème position, victime de maux d’estomac (en raison d’un virus) et de grosses ampoules aux mains.

      Quand bien même cette première manche est âpre entre américains, belges et anglais, le team USA reste optimiste : « on se sentait bien ! explique Chandler, j’étais excité de voir que les choses avaient bien tourné pour nous. Tout le team était vraiment positif. Lorsque le moment est venu de se présenter une seconde fois derrière la grille, je continuais de me dire encore et toujours : bonne sortie de grille, pas d’erreurs….. ».

      « J’ai fait de nouveau un bon départ. Avec Johnny, nous sommes revenus sur la tête de course ensemble. Johnny savait que j’étais plus rapide que lui, il a forcé le rythme pendant un moment et m’a laissé passer. Ensuite je me suis envolé ».

      Derrière Chandler, les autres pilotes américains continuent d’assurer leur place. Pendant que Vromans dépasse O’Mara juste après la 15ème minutes de course, Gibson et Bailey assurent le top 10.

      Après une demi heure de course, Chandler mène la course avec 7 secondes d’avance sur Vromans, lui même chassé par O’Mara, Dieffenbach et un Bailey juste derrière. Il reste 10 minutes + 2 tours dans cette deuxième manche, la victoire semble acquise pour le team USA….

      Mais en fin de manche, un événement inattendu s’abat sur le team américain. Une guêpe qui vient sans doute de se nourrir du sucre se trouvant sur les pommiers environnants traverse le circuit et croise la route de Chandler, plus précisément son maillot. Elle le pique plusieurs fois, et Chandler qui est vraiment allergique aux piqûres de guêpes, fait comprendre à son team qu’il a de sérieux problèmes. La même mésaventure est arrivée à Magoo quelques semaines auparavant, lors de la finale du championnat outdoor 500cc, à Carlsbad. Magoo était alors rentré aux stands et s’était effondré…A cet instant, tout le team américain scrute les réactions de Danny pour être sûr qu’il ne s’écroulera pas de nouveau……

      « Je m’amusais avec le public, sur le grand saut près des arbres, lorsque la guêpe m’a touché à la gorge et est tombée dans mon maillot. Je la sentais bouger et j’essayais de la frapper pour la neutraliser. Ensuite elle m’a piqué derrière le cou, juste au niveau de l’encolure. Je me disais : oh non ! »

      « Les minutes qui suivirent, j’ai eu des problèmes respiratoires et une éruption de boutons. Je me sentais vraiment bizarre et lorsque je suis passé au niveau du team je leur ai crié : j’ai été piqué par une guêpe !!! Au tour suivant, les mécanos m’indiquèrent qu’il restait deux tours avant la fin de course, mais deux tours plus tard, ils me panneautaient de nouveau « deux tours »….je me disais ; quoi ??? »

      Enfin, le commissaire de piste me présente le panneau officiel indiquant les deux derniers tours, et là je me dit : Yeah, je peux le faire ! Je me suis calmé et je respirais lentement. Je gardais ces mots à l’esprit : « Ok, reste concentré, respire doucement…. »

      Finalement, Magoo passe le drapeau à damiers en vainqueur pour la seconde fois, et remporte le classement individuel de l’épreuve. Mais il ne se précipite pas pour célébrer son exploit avec l’équipe US, il se rue dans les stands où l’attend l’équipe médicale.

      « Dès l’arrivée franchie, je me grattais avec une sorte de grattoir en plastique. Rapidement, un médecin est arrivé et m’a fait une piqûre au niveau de la cuisse. Graham Noyce et l’équipe anglaise voient la scène et commencent à hurler les mots de dopage ! Aussitôt, tous les personnes alentour ont envahi notre stand et la scène ressemblait alors à un chaos. Les représentants officiels voulaient se saisir de l’aiguille de la piqûre pendant que Roger De Coster criait à tout le monde de se calmer. Il est parvenu à expliquer la situation, et les choses ont pu s’arranger ».

      Plus tard, Chandler se présente à la remise des récompenses, reçoit sa coupe et entreprend d’aller se saouler sous une immense tente à bière allemande….

      « Roger me voyait boire la bière avec André Vromans, il était très en colère contre moi…  raconte Magoo en rigolant… Je me suis conduit un peu comme un ‘voyou’ vis à vis de lui…., et je lui ai dit : Je suis comme Joël Robert, capable de boire de la bière et de toujours gagner des courses !!!! »…..

      NE ME MARCHEZ PAS DESSUS (ne me sous-évaluez pas)

      La route qui mène de Gaildorf à Wolhen (en Suisse, théâtre du motocross des nations le dimanche suivant) ne prend que quelques heures en voiture.

      En dépit de l’adversité, les pilotes américains gardent la volonté de défendre avec succès leur MX des nations acquis en 1981, même si le moral au sein de l’équipe est un peu morose. En effet, Hansen est toujours inconscient sur son lit d’hôpital à Heidelberg, et O’mara son meilleur ami n’est pas très en forme non plus. Ses deux mains ont vraiment souffert pendant les deux manches de Gaildorf, avec d’énormes ampoules, auxquelles s’ajoutent plusieurs tendinites… Il est même envisagé qu’O’Mara ne prenne pas part à la course de Wolhen, du fait que seul les 6 meilleurs résultats (sur huit) sont comptabilisés (pour le motocross comme pour le trophée des nations).

      Chandler, très motivé après sa courageuse et spectaculaire performance de Gaildorf, fait tout son possible pour insuffler un esprit enthousiaste à l’équipe américaine. Une fois arrivé sur le terrain de Wolhen, il prend de nouveau conscience qu’il va rouler sur un circuit loin de chez lui… « quand nous sommes arrivés sur le circuit le samedi, j’entendais les gros tracteurs qui travaillaient au loin, et là j’ai aperçu des gars costauds avec des haches à la main, en train de faire des piquets pour le circuit » se souvient Magoo. Ces piquets faisaient environ 5cm de largeur, les gars les enfonçaient dans le sol et les reliaient les uns aux autres avec deux cordes. J’ai halluciné quand on m’a dit que ces piquets et ces cordes servaient à délimiter le circuit et constituaient la seule protection entre les spectateurs et les pilotes….

      Le circuit était incroyable et avait l’une de ces vieilles grilles de départ qui tombe vers l’avant, des grilles que je savais heurter durement pour les faire tomber plus vite. Tout autour du circuit il y avait cette herbe fraîche que je reniflais. En revanche, j’ai vite remarqué la présence de nombreux cailloux sur tout le tracé, et je me suis dit : Oh man, je ferais mieux de prendre un bon départ car je ne veux pas me faire crépir ! ».

      Après un matin dans le brouillard, le soleil se met à briller lorsque arrive l’heure de la course. De nouveau une foule immense envahit le terrain de Vohlen, pour voir si les pilotes européens sont capables de l’emporter face à ces arrivistes de Yankees…Avec Chandler comme seul vrai pilote 500cc, De Coster et Arnold sont inquiets. O’Mara n’a pas piloté de grosse cylindrée depuis plus d’un an, Gibson quant à lui est un vrai spécialiste 125cc, et Bailey aux USA roule en 250cc…Néanmoins, les 4 pilotes présentent leurs rugissantes CR 480cc derrière la grille de départ, et retiennent leur respiration…

      Quand la vieille grille tombe, Chandler bondit et part en tête. « J’étais poignée d’accélérateur à fond et j’ai fait le holeshot. A partir de là j’étais parti ! Rigole Magoo. Je prenais les ornières parfaitement, je gardais toutes les bonnes traces et je prenais garde à ne pas couper les ornières en sommet de côte. Je m’attachais à garder mes deux roues dans la même trace car je ne voulais pas me faire éjecter de la moto. Le circuit avait quelques sections sinueuses où je restais gaz en grand, chose que les autres pilotes ne parvenaient pas à faire. Je rétrogradais, sollicitais le frein arrière et maintenait les gaz ouverts en grand pour conserver le régime moteur. Ainsi l’arrière de la moto ne rebondissait pas et je pouvais « voler » au dessus du tracé dans ces parties là. Man, je n’ai jamais coupé les gaz…. ».

      Après 45 minutes d’un pilotage sans faille, Chandler le pilote habituellement inconstant remporte sa troisième manche consécutive devant Vromans, Thorpe, Bailey et Everts. « Après avoir franchi la ligne d’arrivée, je me disais : Oh mon dieu : j’ai encore réussi ! Merci ! ».

      Thorpe, le futur triple champion du monde 500cc, est sonné comme les autres par l’endurance et la rapidité de Chandler : « Magoo est bon » reconnaît le pilote britannique entre les deux manches. « Il est certainement plus rapide que moi – et plus fort. D’habitude, je peux revenir sur les pilotes en roulant à ma propre vitesse, mais là je ne suis pas parvenu à remonter sur Chandler pour l’attaquer…J’ai alors roulé gaz en grand, mais ça n’a fait aucune différence. Je me disais : ce type là a deux jambes, deux bras et une poignée de gaz comme moi, et ça m’agaçait ! Mais je ne veux plus rester derrière lui. Je ne le vois pas rouler une autre manche de la même façon, mais je suis prêt à ravaler mes mots s’il le fait ! ».

      LE DERNIER HEROS AMERICAIN

      De retour dans le paddock du team US, l’instant dramatique est à son paroxysme. Car en dépit de la victoire de Chandler, la Belgique mène au classement avec 1 point d’avance sur le team de l’oncle Sam. De Coster et Arnold sont conscients qu’ils ont désespérément besoin d’une nouvelle victoire de Danny.

      Et puis il y a une autre question, qui touche à l’histoire avec un grand H : Depuis que la double compétition – Trophée + MX des nations – existe, aucun pilote n’a remporté les 4 manches la même année, ni Torsten Hallman, ni Joël Robert, ni Roger De Coster, ni personne d’autre… Aujourd’hui, Danny Magoo Chandler, le plus sauvage des américains, est à une victoire de ce que tout le monde pensait jusque là irréalisable….Quelques minutes avant que les teams ne soient appelés pour l’ultime course, De Coster s’approche d’un Magoo Chandler arborant toujours le même sourire, et lui dit calmement : « Vas-y, à toi de jouer »

      « Je savais que personne n’avait jamais remporté les 4 manches, et que cet exploit était sur toutes les lèvres après ma double victoire de manche du Trophée des nations. Mais je ne voulais pas y penser, je savais que j’étais ce pilote un peu fou qui était capable de commettre une erreur au moment même où les choses commençaient à prendre une tournure favorable. Je voulais seulement gagner une nouvelle fois. Ainsi, lorsque l’heure de la dernière manche a sonné, j’ai juste oublié la possibilité d’un tel exploit. J’ai enclenché la troisième vitesse, reposer mon pied au sol, penché ma tête en avant et j’ai attendu que la grille de départ s’abaisse ».

      Une fois de plus, Chandler réalise le holeshot, on retrouve dans son sillage le belge Laquaye, le vétéran allemand Wolsink, Bailey et Gibson. Après 10 minutes de course, un moment de panique gagne le team US lorsque Gibson crève de l’arrière. 10 minutes plus tard, Vromans et revenu comme une balle sur la tête de la course, et s’empare de la première place aux dépends de Chandler.

      «J’ai commis des erreurs à plusieurs reprises, et Vromans est revenu sur moi. A un moment, j’ai été déporté sur le côté et j’ai fini ma course sur l’un des piquets qui bordait la piste. J’ai levé mon pied juste à temps de telle sorte que le piquet m’a heurté au niveau de la cheville. J’ai explosé l’appui et je me suis écrié : Oh non je viens de me faire passer par Vromans pour la première place ! C’était la première fois en deux semaines que je me faisais débordé par un pilote ! Au panneautage De Coster m’indiqua de laisser partir Vromans, mais je me suis dit : pas question ! ».

      Magoo pousse fort et revient sur Vromans, les deux pilotes se passent et se repassent à plusieurs reprises. Enfin, Magoo s’empare du commandement de la manche pour ne plus le quitter, il s’envole vers le livre des records du motocross. Derrière lui, Bailey termine 3ème et O’Mara s’empare courageusement de la 7ème place. Avec Everts qui est revenu dans les 20 premiers et Jobé qui enregistre un DNF, le team USA remporte le MX des nations.

      « Au fur et à mesure que je me rapprochais du drapeau à damiers, je pensais : pas de fautes ! se souvient Magoo. Plus la fin de course était proche, plus je remarquais que le circuit rétrécissait car tous les fans se penchaient au dessus des cordes qui délimitaient le circuit et m’acclamaient ! A un moment, l’idée de franchir la ligne d’arrivée à l’envers sur la moto m’a traversé l’esprit (figure que Magoo réalisait aux US…), mais Bailey qui était second à ce moment là était trop proche de moi. En franchissant la ligne d’arrivée, j’ai donc fait une roue arrière avec une main sur le guidon. Je me disais : tu l’as fait ! »

      Quelque part dans le paddock anglais, Dave Thorpe le fier, réellement impressionné par cet américain arriviste, n’était que trop content d’avaler ses mots….

      « C’est là que la fête à commencé ! rigole Magoo, 20 ans plus tard dans sa maison du nord de la Californie.

      J’ai téléphoné à mon père aux états-unis et je lui ai dit que j’avais remporté les 4 manches. C’était tellement bon. Lorsque nous avons été appelés pour recevoir nos coupes, Johnny était si épuisé que je l’ai porté sur mon dos pour rejoindre le podium – dans le dernier tour son pied avait heurté un piquet. Nous sommes montés tous les deux sur le podium, nous avons pris nos coupes et ont a commencé à arroser la foule de champagne ».

      En l’espace de 2 semaines, Danny Magoo Chandler est devenu LA légende du motocross aux yeux des fans du monde entier. Sa « chevauchée fantastique » à travers le trophée puis le motocross des nations ne sera jamais égalée. En effet, la FIM décide de fusionner ces deux courses pour n’en faire qu’une, sur un jour. Conséquence de cette décision, la victoire spectaculaire de Danny Magoo Chandler dans les 4 manches de cet automne 1982 restera probablement pour l’éternité comme le plus bel exploit individuel des 56 années d’existence du motocross des nations.

      En 1982, le journaliste moto anglais Sir Jack Burnicle écrira à propos de Magoo :

      «  il a acquis instantanément le statut de légende vivante sur toutes les terres d’Europe. Jamais dans l’histoire une foule si nombreuse, baignée par le soleil, en Allemagne comme en Suisse, n’avait été le témoin d’un tel spectacle – avec un grand S  – de l’instant même où Magoo est apparu sur la piste pour les premiers essais jusqu’au moment où il boira la dernière goutte de son énième jéroboam de champagne à la cérémonie de clôture….INVINCIBLE, INFATIGABLE et ETERNEL, ce garçon était tout à la fois ! ».

      R.I.P Magoo….

       

      #508730
      magoo88
      Participant

        sa donne la chair de poule j’ai du mal encore a croire qu’il n’est plus avec nous se mec c’etais tout simplement la moto qui etais en lui en plus il etais d’une simpliciter meme magoo et olaf la haut sa doit bucheronner dur

        #508731
        benji
        Participant

          merci oxboy !!

          #508732
          lpac007
          Participant

            Un homme, une moto, une passion, UNE LEGENDE !

            Bien à vous tous.

            #508733
            stofcri
            Participant

              merci oxboy. MAGOO ? REST IN PEACE

              #508734
              kpm
              Participant

                 Merci pour la traduction!!!

                Le seul magazine MX que j’ai gardé depuis 30 ans c’est celui avec Magoo en couverture de motoverte en 80, ce mec etait barge et attachant….RIP Danny.

                #508735
                deun
                Participant

                  merci, j’ai rajeuni de 28 ans en lisant cet article.

                  La photo du saut d’arrivée, la plus belle du MX pour moi. Elle dégage une impression de force et de sérénité, avec ce salut altier.  Les americains, à cet époque, étaient des extra terrestres, et plus particulièrement chandler (nous plaisantions à l’époque avec les "crèpes de la chandler"…) .

                  #508736
                  oxboy
                  Participant

                    Quand je pense à Magoo, je fais souvent un rapprochement avec Olaf, il y a beaucoup de points communs entre ces deux champions.

                    S’ils n’étaient pas les plus talentueux de leur génération, ils se démarquaient par une générosité hors norme sur la poignée de gaz..les regarder évoluer sur un circuit donnait pas mal de frissons….

                    Moi aussi j’aime à penser que les appuis doivent souffrir là-haut…

                    #508737
                    oxboy
                    Participant

                      En homme de goût, je savais que tu ne serais pas insensible Manu…

                      #508738
                      Anonyme

                        merci  oxboy pour ce résumé complet qui me sera très utile pour mon association, je le déposerai sur le bureau du conseil général demain après-midi lors de ma réunion

                        #508739
                        redneck
                        Participant

                          Thx dude… bon boulot.

                           

                           

                          Dans celui de ce mois, plein de trucs très interessants sur Marty Smith.

                          Tu t’y colle ?

                          😉

                           

                           

                          #508740
                          tony la malte
                          Participant

                            Quel régal, cette lecture !!!!

                            #508741
                            tony la malte
                            Participant

                              D’ailleurs un de ses surnoms était "French Magoo" !!!

                              #508742
                              oxboy
                              Participant

                                Why not ?

                                j’adore les belles histoires, et puis c’est tout de même mieux que de regarder un navet à la télé le soir…

                                :-))

                                #508743
                                oxboy
                                Participant

                                  Yes, et Mao ou Dilhat pourraient confirmer, mais il me semble que ce surnom était sorti à Bercy…..de la bouche même de Ricky Johnson je crois….le fameux saut qu’Olaf était le seul à tenter, avant que les "stars" ne se décident à l’imiter….

                                15 sujets de 1 à 15 (sur un total de 70)
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