Essai BHR 300R, l’alternative économique !
Le MX coûte horriblement cher, je ne vous apprends rien, d’où l’idée de tester cette BHR 300R, une machine d’origine chinoise, nettement moins onéreuse que ses « concurrentes », si tant est qu’elle en ait. Proposée à 5790 €, un tarif qui s’entend hors frais de transport et de mise à la route, elle est tout de même quasiment deux fois moins chère qu’une KTM 250 SX-F 2024, affichée en magasin à 11 249 €, ce qui n’est pas rien…
Alors, pour ce prix-là, on a quoi ? Un cadre périmétrique acier, largement inspiré, pour ne pas dire pompé, de celui des Honda d’il y a quelques générations en arrière. Pour donner des exemples concrets, de nombreuses pièces de Honda peuvent se monter, comme la pédale de frein, les disques, la couronne ou même le bras oscillant… La marque des suspensions HTW quant à elle, est inconnue chez nous mais d’origine taïwanaise « avec une technologie japonaise ». On note que la fourche est enlacée par des tés de fourche en alu plutôt flatteurs, il faut le reconnaître.
Guidon sans barre alu, freins Nissin, petites pièces anodisées qui brillent, la moto en jette visuellement, quitte à en faire un peu trop dans le genre tuning, même. Reste à parler moteur. De ce côté-là, BHR s’appuie sur un fournisseur qu’on peut qualifier de sérieux : Zongshen. Une boite qui produit environ un million de motos en son nom propre par an, et plus d’un million et demi de moteurs pour les autres, dont des marques comme Piaggio, Harley Davidso, BMW et bien d’autres. Bref, pas des rookies. En ce qui concerne le bloc qui nous intéresse, il s’agit d’un double arbre à cames de type « générique », monté sur des milliers de machines de route à travers le monde. Et ici retravaillé afin de correspondre à un usage cross.
Une fois en selle, ça commence plutôt bien. L’accueil sur cette BHR 2300R est courtois, avec un guidon sans barre au cintre universel et des leviers (articulés en cas de chutes) qui tombent bien sous les doigts. Le triangle selle/repose-pieds/guidon étant bien pensé, on est bien installé sur la confortable selle anti-dérapante, et on touche bien par terre, car la moto est basse. Globalement, on n’est pas dépaysé par rapport au reste de la production. Un seul bémol, le kick, qui gène au niveau du genou. Un coup de clé plus tard, et on l’enlève en deux secondes, ce qui fait gagner en confort. Un appui sur le démarreur électrique, et la BHR dévoile un son feutré assez neutre, pas désagréable. Le temps de la prendre en main, et on se dit que ce petit bloc 300 fait effectivement plutôt bien l’affaire. Il accepte de descendre assez bas sans caler de façon intempestive ni avoir à constamment jouer du sélecteur. Les montées en régime quand on met du gaz sont du genre linéaire. On ne se fait pas arracher les bras. On peut accélérer tôt sans risquer de décrocher et/ou de perdre l’adhérence. Mieux vaut par contre passer les vitesses assez tôt, car les haut-régimes ne sont pas son point fort majeur. On constate aussi un peu trop de frein moteur quand on coupe les gaz en entrée de virage, surtout par rapport à la production « racing » d’aujourd’hui. Mais à part ce petit défaut, il ne s’en sort pas si mal. On le répète, il n’a pas la prétention de vous permettre de partir devant en ligue du jour au lendemain, il faut être clair là-dessus. Pour autant, on est loin d’être sur une brêle poussive. Il y va, il est courageux. La boite et son étagement nous ont paru corrects, rien à dire là-dessus.
Et niveau châssis, ça donne quoi ? Déjà, la première info, c’est que cette BHR 300R freine bien. Le freinage, signé Nissin, est bon, ce qui n’était pas le cas la dernière fois que j’avais testé une machine d’origine chinoise, certes d’une marque différente. Là, on est bien. La puissance et le feeling ne sont pas incroyables, mais tout à fait satisfaisant pour la plupart des pilotes « normaux ». A noter au niveau des leviers, la fausse bonne idée de l’articulé côté embrayage, qui finit par se dérober comme en cas de chute si vous appuyez trop dessus par mégarde ou sur les grosses réceptions de saut. Gênant. Typiquement une fausse bonne idée. Le châssis en lui-même donne une certaine impression de lourdeur, surtout dans les sauts. Heureusement, le centre de gravité assez bas permet de bien placer la moto dans les virages. Et au final, on a même une certaine impression de maniabilité bien agréable.
Niveau suspensions, avouons qu’on a pas vraiment eu le temps de faire beaucoup de testing, mais on notera que la fourche manquait un peu de confort sur le premier tiers de la fourche, mais s’est avérée rassurante sur des grands sauts. Le camarade d’essai d’Antoine s’est encore mis des longs de folie, qui sont restés sans conséquences. L’arrière, lui, était plutôt correct et a fait le boulot, même s’il a une légère tendance à « dribbler » au freinage dans le rapide. Difficile de vraiment causer stabilité, on n’avait pas vraiment sous la main tout ce qu’il fallait pour pousser la BHR dans ses retranchements à ce niveau-là. Ce qu’on peut dire, c’est que ça paraît sain sur ce qu’on a fait, sur ce circuit de Saint Menoux.
Alors, ça se tente ou pas ? Oui, pourquoi pas, si vous cherchez une moto neuve à un prix largement en dessous de la concurrence. Pour le prix, vous avez une moto de cross très capable pour vous initier et rouler en loisirs, voire en ligue B sans problème. Même si, dans le cas de la compétition, vous savez que vous ne serez forcément pas avantagés, notamment au niveau de départ. C’est un choix, il faut savoir où l’on met les pieds. Ceci étant dit, la moto est fun à piloter, possède un look sympa et quelques pièces flatteuses qui font qu’elle n’est pas le vilain petit canard dans le parc, au contraire. Un choix qui peut donc s’entendre, même si certains préféreront forcément l’option moto d’occasion au même prix. Autre aspect à prendre en compte, l’entretien est infiniment plus facile et beaucoup moins onéreux sur ces BHR, avec des pièces détachées aux tarifs défiant toutes concurrences. Bref, une alternative économique qui peut être intéressante, mais qui reste une niche loisir difficile à comparer avec des motos deux fois plus chères et « ready to race ». Mais pour le « ready to have fun », cette BHR 300R fait effectivement le job, en donnant du plaisir à moindre coût. Une alternative économique destinée aux pilotes loisirs, qui y trouveront leur compte. Nous, en tout cas, on s’est bien amusé avec cette moto, sans trop se fatiguer et en ayant pourtant eu l’impression d’attaquer toute la journée !
Par Rich’.
L’essai de la BHR 300R en vidéo :
Merci au MC Yzeure qui nous a accueilli sur son circuit de Saint-Menoux (03). N’hésitez pas à aller supporter le club pour sa course le dimanche 5 mai !
BHR 300 R
5590 €
// MOTEUR :
Cylindrée (cm3) : 283,1
Alésage x course (mm) : 82 X 53,6
Alimentation : carburateur Nibbi Ø 34
Boîte : 6 rapports
Démarrage : électrique
// PARTIE CYCLE :
Cadre : simple berceau dédoublé en acier chromoly
Fourche : HTW Ø 48 mm, déb. 300 mm
Amortisseur : HTW déb. 300 mm
Freins à disque AV/AR (mm) : Ø 240/240
// MESURES :
Empattement (mm) : 1 455
Garde au sol (mm) : 320
Hauteur de selle (mm) : 930
Poids à sec (kg) : 110
Réservoir (l) : 6