la bataille des dunes aura bien lieu

vu dans la voix des sports:

Les principaux favoris s’y préparent

C’ EST Yves Deudon, le pilote Kawasaki de Dompierre-sur-Helpe qui le dit. « L’Enduro du Touquet ? C’est une course de chance. Il faut une grosse condition physique, une bonne technique de pilotage et une bonne mécanique… »

Mais pas seulement, car à cet inventaire, il convient d’ajouter une équipe solide et efficaces. Dans les stands, certes, histoire de vous garantir un ravitaillement en bonne et due forme en une quinzaine de secondes. Pleins de la moto et du pilote faits, lunettes changées !

Plus personne n’ignore rien des prouesses de ces assistants. En revanche, on connaît moins, les autres équipiers. ceux qui, dans les dunes, sont chargés de faire sauter les bouchons. Histoire que, plus tard, leur pilote s’occupe de celui du magnum de champagne qui est remis au vainqueur sur le podium d’arrivée.

La légende de l’Enduro s’est toujours nourrie de ces assistants de l’ombre pour certains, sans lesquels il n’est point de succès envisageable.

Car les bouchons ont, de tous temps, été la hantise des pilotes. « On peut vite y griller un embrayage, ou être victime d’une surchauffe », explique Yves Deudon.

En son temps, Kees Van der Ven n’eut pas trop besoin de coups de main pour signer son quinté de légende. Tout au plus les assistants délégués par KTM lui indiquaient-ils le bon passage pour éviter un engorgement de la piste.

Alors, le Batave changeait de trajectoire jusqu’à rouler sur la crête de la dune tel un escargot sur une lame de rasoir, pour se retrouver devant les « poireaux » ensablés.

Eric Geboers, lui, avait une autre approche. La veille de la course deux ou trois bus amenaient sur la Côte d’Opale, les membres de son très officiel club de supporters.

« The Kid » venait les saluer sous une vaste tente, et répartissait les rôles. Dès lors, ce crossman de légende n’avait plus à se soucier de rien. Où que surgisse un engorgement du trafic, il y avait toujours quelques paires de bras secourables et des guides avisés pour l’envoyer au succès.

Béthys ne se fera plus avoir

Car, faire sauter les bouchons n’est pas donné à n’importe qui ! Une motivation extrême et une paire de gros biceps ne suffisent pas. Il faut connaître la course, comprendre le terrain. Et… la moto !

David Frétigné en fit la cruelle expérience l’an dernier quand il fut stoppé par quelques attardés en déroute. Un spectateur secourable jaillit pour le dégager en prenant énergiquement la fourche de sa Yamaha. Il arracha les flexibles d’air comprimé servant à l’entraînement de la roue avant. Car David Frétigné roulait sur une deux roues motrices. Enfin, avant cet incident…

Le seul pilote qui se soit imposé au Touquet sans avoir recours à cette assistance, c’est Thierry Béthys. « Quand j’ai gagné pour la première fois en 2000, il n’y eut quasiment aucun bouchon », se remémore le Vendéen. « En 2001 , il y en eu quelques uns, mais le public m’a toujours bien guidé. »

Relevant de blessure, à court de condition, « Boum Boum » comprit son malheur l’an dernier. « C’était l’enfer, il m’aurait fallu du monde ! » Alors, c’est clair, cette année, il aura des relais aux points stratégiques.

Au fait, quels sont-ils ? L’entrée de la mer de sable à la sortie du goulet ? « Oh là, ça passe… », répond un rien sibyllin Arnaud Demeester. Alors où cela bloque-t-il ? « C’est variable, cela change parfois d’une année à l’autre… »

C’est clair, vu les enjeux on tait ses petits secrets. Surtout quand ils ont fait leurs preuves. « J’ai une dizaine de copains répartis là où des bouchons peuvent se former », consent à lâcher le Dunkerquois avec une lueur de malice dans le regard.

Tout au plus saura-t-on qu’ils connaissent la course et savent ce qu’ils doivent faire. « C’est rassurant », lâche « Sandman ».

David Hauquier, Jean-Claude Mousse, Thierry Klutz, Franck Duflou, Vincent Cambier, Sergeï Potisek et autre Franck Verhaeghe, eux, n’ont pas de souci à se faire. Ils bénéficieront de la formidable logistique du Moto club de Pecquencourt.

Le général Pierrache veille

Avec le général Joël Pierrache aux commandes, c’est l’assurance zéro souci. Liaisons radios, entre panneauteurs, assistance technique, et groupe d’intervention rapide dans les dunes. Objectif ? Réduire les risques !

« Tout le problème », explique Joël Pierrache « c’est de savoir où est la règle. Dans le passé on a disqualifié un de mes pilotes au prétexte qu’il avait coupé. Mais, à la télévision, on voyait des mecs qui levaient les banderoles pour éviter les bouchons ! Pour moi, il y a couper et éviter. »

Va pour éviter. Ce qui vaudra de voir dimanche dans les dunes, des blousons gris, prêts à intervenir.

Chez Kawasaki, c’est cette semaine seulement que l’on arrêtera la stratégie. « L’an dernier, deux copains m’ont aidé », reprend Yves Deudon. « Mais on a remarqué qu’Arnaud Demeester était bien encadré. Alors, cette année, chaque pilote Kawa viendra avec ses assistants, et on fera peut-être équipe commune. »

Bref, dimanche la bataille des dunes aura bien lieu ! Et de son issue dépendra le nom qui s’inscrira au palmarès sur la ligne 2003.